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Hiroo Mochizuki

Le soir de la première journée des championnats de France de Yoseikan Budo 2008 à Besançon, Maître Hiroo Mochizuki dispensait un stage ouvert à tous. Etant venu encourager mes camarades du Dijon Yoseikan Côte d'Or (3 médailles dont un titre sur 5 compétiteurs) tout le week-end, je comptais profiter de l'occasion pour participer au stage. Le soir venu, je me prépare...

On va tous tenir sur le tatami ?

Direction les vestiaires. Il y a du monde, on va visiblement être nombreux. Après m'être changé dans le dernier mètre carré libre du vestiaire, je me rends dans la salle pour me rendre compte qu'une bonne partie des pratiquants étaient déjà sur place. On va visiblement être très (trop) nombreux.

Le stage d'abord prévu dans la salle d'échauffement a finalement lieu sur l'aire de compétition pour satisfaire quelque public courageux resté là pour y assister. En l'absence de Dijonnaises dans les gradins, c'est devant un public très discipliné que la séance commence...

Cirage de pompes et civilité d'usage

Maître Mochizuki nous invite à nous asseoir autour de lui et nous présente des responsables de la FFKDA présents pour l'occasion. S'ensuit cinq bonnes minutes de cirage de pompes réciproque, le Maître étant ravi de leur présence et eux très honorés de la sienne.  Il enchaîne par un discours un peu confus et difficile à suivre, sous les regards gênés des responsables de la fédération. Un fois le discours décodé, j'ai tout de même réussi à en tirer quelques informations, notamment sur la symbolique du Yoseikan Budo.

Le discours du Maître (la FFKDA est une grande famille !)

Me Mochizuki tente d'abord de nous convaincre que la FFKDA est une grande famille. Il nous parle du stage annuel regroupant des Maîtres de tous les styles représentés à la FFKDA et ayant lieu à Coubertin au mois de septembre. Il nous explique que lorsqu'il n'est pas au stage en tant qu'enseignant, il le passe en tant qu'élève avec ses frères et ses soeurs de la grande famille de la FFKDA. Il regrette énormément de ne pas voir plus souvent de "kimono bleus" lors de cette fête familiale ce stage.

Il nous rappelle ensuite que la FFKDA est une grande famille, puis sans transition enchaîne sur la symbolique de la tenue du Yoseikan Budo. Avec le bleu négatif, le blanc positif et la présence de blanc dans le bleu et réciproquement, un peu à l'instar du In et du Yo.

Tout cela symbolise l'énergie qui nous entoure et donne naissance à la vie, ainsi que la ceinture blanche et bleu représentant l'onde qui est le support de toute communication sans laquelle il n'y a pas de paix dans le monde. Et c'est pour ça que la FFKDA est une grande famille.

Début du stage...faux départ !

Maître Mochiziki nous demande alors de nous lever et de nous éparpiller sur le tatami pour commencer l'échauffement. Mitchi (son fils ainé) s'approche, lui murmure quelque chose à l'oreille.

Le maître nous regarde alors d'un air amusé et s'exclame « Ooooh, le salut, on a oublié le salut ! ». Au grand soulagement de quelques pratiquants qui étaient au bord de l'apoplexie à l'idée de commencer un stage sans salut, le Maître nous demande de nous aligner.

Vous réfléchissez trop !

Après un rapide salut debout, le stage commence, il est temps, on commençait à entendre quelques ronflements dans la salle.
En guise d'échauffement, nous marchons, en avant en prenant soin de bien planter le talon dans le sol puis de dérouler le pied, en arrière, on avance, on recule. Ensuite, on balance les bras. Et là, stupeur, le Maître nous arrête, et d'un air amusé :

Je vous demande juste de marcher, vous êtes tout crispé. C'est un geste naturelle, vous réfléchissez trop !

Hiroo Mochizuki

On repart pour quelques allez-retour en balançant les bras. Puis on fait de la marche « sur place », on balance un bras en arrière en avançant la jambe opposée, on lance le bras en avant en ramenant la jambe en arrière et ainsi de suite, et peu à peu le « retour de bras » vers l'avant se transforme en tsuki. Sans s'en rendre compte, on vient de travailler un mouvement d'Happoken Nidan (enchainement Mae Geri - Tsuki), le deuxième Kata du Yoseikan Budo !

Exercice suivant. Maintenant que l'on sait marcher (« vous devriez quand même savoir depuis quelques années » se moque le Maître) on va apprendre à pivoter. On fait un pas en avant, on plante le talon (jambe avant) au sol, tire avec le talon et on tourne les hanches. Et c'est parti pour des tours de tatami en pivotant.
Et comme tourner en rond n'est pas très réjouissant, on passe très vite à la suite. On fait suivre le pivot d'un pas en avant et ça devient une esquive. On choisit un partenaire et on travaille l'esquive sur un tsuki. Je vous passe les détails du partenaire qui frappe à 50 cm de ma tête et s'étonne de ne pas me voir réagir...

Les techniques, c'est de la marche !

Le maître nous interrompt pour nous dire qu'on va un peu élaborer notre marche. Il repart sur l'esquive et nous montre que naturellement, avec une même forme de corps, on enchaîne sur une frappe, une projection ou une clé et que ça fonctionne que l'on esquive par l'intérieur ou l'extérieur.
En particulier, en esquivant sur l'extérieur, on enchaîne une poussée au niveau du coude du partenaire pour le déséquilibrer, mawashi tsuki puis mawashi geri dans les lombaires. Ni plus ni moins que la suite d'Happoken Nidan. D'ailleurs, à ce propos, il explique que la « frappe » précédent le mawashi tsuki n'est pas une frappe (moi qui croyait que c'était un Shuto !) mais plutôt une parade/poussée pour déséquilibrer l'adversaire. 

Je n'en avais absolument pas conscience au moment du stage, mais avec le recul (un recul de 2 ans !), je me rends compte que cette première partie du stage touche au fondement même du Yoseikan Budo :  un = Tout.

Les Kata ? Des trucs du Maîtres !

Hiroo en profite pour faire une pause et nous parler de la journée de compétition qui vient de se dérouler. Il explique que ça ressemble encore trop à de la bagarre et qu'il est déçu de na pas avoir vu ce genre d'enchaînement et plus particulièrement des déséquilibres pour préparer les frappes.

c'est kata de base de débutant, et pourtant personne capable de le faire en compétition !

Hiroo Mochizuki
Il insiste alors sur le fait qu' apprendre un kata pour faire le kata est un non-sens. Un kata se travaille par groupe de 2 ou 3 techniques maximum et sert de réflexion sur les applications possibles.

Toute ma vie, j'ai découvert des trucs : je les ai mis dans Kata !

Hiroo Mochizuki
Notez donc ! Les katas du Yoseikan sont les penses-bête du Maître ! J'imagine déjà, dans quelques dizaines d'années, quand le Maître ne sera plus là pour s'expliquer, les experts de tout poil tentant de convaincre le monde de toute la puissance mystique, secrète et cachée des Kata... comme ils le font déjà pour tous les styles dont le fondateur n'est plus là pour lever les yeux aux ciel et soupirer d'exaspération devant cette constante de la nature humaine à faire compliquer quand on peut faire simple. Quand le sage montre la lune... Trève de divagation, j'en étais où ? Ah oui, le strip-tease du Maître.

« Ma ceinture, elle est décontractée »

Voyant notre incapacité totale à comprendre Happoken Nidan, Me Mochizuki s'attaque à Tanto Happo (Kata fondamental du Yoseikan démontrant le principe d'ondulation). Sur une saisie croisée, il s'agit de reproduire le premier mouvement de Tanto Happo conjointement au pivot-esquive précédent pour entrer un lobuse (clé avec extension du coude).

Il nous regarde travailler quelques instants et une fois de plus nous arrête en pleine crispation musculaire. Il dénoue sa ceinture *, la fait claquer comme un fouet, puis la secoue mollement en déclarant :

Ma ceinture n'a pas de muscle, elle est décontractée . Vous utilisez trop vos muscles.

Hiroo Mochizuki
Me voilà rassuré, pendant un bref instant, j'ai cru qu'il partait dans un trip "je me déssape et je vous fouette". tongue-out

Selon lui, pour bien effectuer le mouvement de bras de Tanto Happo, il faut considérer le bras comme la ceinture et notre bassin comme le poignet qui transmet l'impulsion à la ceinture. Je ne sais pas vous, mais moi ça me pose quelques soucis bio-mécaniques... (plus maintenant, j'ai mis le temps mais j'ai fini par comprendre)

On est parti pour quelques minutes de moulinets solitaires avec le bras en prenant bien soin d'envoyer celui-ci en faisant partir l'impulsion du bas et non pas avec les muscles de l'épaule (non, je ne parle pas de CA !).

Nouveau travail à deux, on effectue le même mouvement mais cette fois sur une saisie « en miroir ». L'arc de cercle de la main saisie sert à déséquilibrer l'adversaire (ça crée une clef au niveau du pouce), l'autre bras vient au niveau du cou, simultanément on entre en O-Irimi, on est bien placé pour une projection de type O-Soto-Gari. C'est magique. Ou alors, c'était prévu pour. Oui, ça doit être ça.

Trou de mémoire

Ensuite, le reste est un peu flou. Non pas que j'ai manqué d'attention sur la fin, mais j'ai rédigé la fin de ce compte-rendu fin mai et ma mémoire est loin d'être infaillible...

Je me souviens avoir mis les gants pour travailler une feinte. Ah si, ça me revient !

Avant de travailler la feinte, on a appris à sauter. Après le cours de marche du début, il fallait bien évoluer un peu niveau motricité...
En fait, il s'agit surtout de travailler une feinte en plaçant bien son poids de corps pour ensuite bondir comme un marsupilami (les "houba-houba" en moins) et frapper du gauche au corps à son partenaire. Grosso-modo ça donne ça : en Hidari Kamae (garde avec le pied gauche avancé), on feinte de partir sur la gauche en pivotant légèrement les hanches et en amenant le poids du corps sur la jambe avant, puis avec une impulsion de celle-ci et en pivotant les hanches à droite, on bondit (houba-houba) sur la gauche du partenaire en lui collant une praline au corps au passage.
La plupart des pratiquants présents semblant totalement avoir oublié leurs protections aux vestiaires, je part en quête de quelqu'un qui, comme moi, a envie de ne pas faire semblant de frapper. Je fini par apercevoir une paire de gants et juste derrière, accroché après, un pratiquant Bisontin. C'est donc en transpirant avec l'un de mes anciens entraîneurs (merci Auguste) que je termine la séance.

Retour au calme

Après quelques minutes d'étirements, M.Mochizuki met fin au stage en signalant qu'il est grand temps de se remplir la panse. Il en profite encore pour remercier les participants ainsi que la FFKDA qui est une grande famille. Merci Hiroo, on a compris. laughing

Conclusion

C'est avec un sentiment mitigé que je retourne aux vestiaire, ne sachant pas trop quoi penser de ce stage. D'un côté, j'ai le sentiment d'un stage un peu « gâché » par le nombre des participants qui n'a pas permis d'approfondir les notions abordées et aussi, je m'attendais à quelque chose...comment dire... à la fois plus technique et plus rentre-dedans. Un stage où l'on ne passe pas une demi-heure à apprendre à marcher et où l'on ne transpire pas que les cinq dernières minutes.

Avec deux ans de recul, je me rends compte que j'avais bien tort de penser cela. C'était en réalité un fort beau stage dont je tire encore aujourd'hui les enseignements.

Toutefois, je garde le sentiment agréable d'avoir un peu avancé dans ma pratique, d'avoir mieux cerné certains principes propres au Yoseikan que mon passé et mes habitudes de Judoka-Aikidoka m'empêchaient d'appréhender correctement. C'était aussi l'occasion d'observer le Yoseikan Budo à sa source avec le fondateur de la discipline et de voir évoluer sur le tatami cette sommité ** des Arts-Martiaux. Et surtout de l'entendre discourir dans son Franponais si particulier. Et ça, ça n'a pas de prix. smile

*D'ailleurs, pour l'anecdote, Maître Mochizuki noue sa ceinture « comme un débutant », c'est-à-dire en la prenant par son milieu et en faisant croiser dans le dos. Si on m'avait donné un euro à chaque fois que j'ai entendu « mais tu sais pas faire ta ceinture, tu la mets comme un débutant !». Le prochain que j'entends dire ça, je l'envoie s'expliquer avec Hiroo Mochizuki ! 

**Petit rappel du CV de Maître Hiroo Mochizuki, 35 dan (!) répartis comme suit :
Menkyo Kaiden de l'école Yoseikan (Minoru Mochizuki)
9ème dan de Karaté
8ème dan d’Aïkido
8ème dan de Ju-Jutsu
7ème dan de Iaïdo
3ème dan de Judo


Article révisé le 18/09/2010

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