Ce site utilise des cookies et autres technologies similaires.

Si vous ne modifiez pas les paramètres de votre navigateur, vous acceptez tacitement l'utilisation des cookies. En savoir plus

J'ai compris

Le Home Budoka utilise des cookies afin d'améliorer votre expérience utilisateur, mais aussi pour réaliser des statistiques.

Pour en savoir plus :

http://www.cnil.fr/vos-obligations/sites-web-cookies-et-autres-traceurs/que-dit-la-loi/

header3-with-mask.jpg header2-with-mask.jpg header1-with-mask.jpg header6-with-mask.jpg header5-with-mask.jpg header4-with-mask.jpg

Humilité, Maîtrise et Douceur. Au delà de la technique, voilà ce que je retriendrai de Maître Washizu et du stage très enrichissant qu'il nous a proposé dans le Dojo de l'INSEP en ce glacial début d'avril 2013.

Je pourrais très bien terminer mon compte rendu ici, tant je viens de dire l'essentiel !

Mais je sens que vous en voulez plus, alors revenons un peu plus en détails sur ce week-end fort inspirant. smile

Samedi matin, depuis les gradins

La bonne humeur de Terumi WashizuLe stage du samedi matin étant réservé aux gradés de l'École Française de Nihon Tai Jitsu, c'est depuis les gradins que j'observe l'arrivée de Maître Washizu sur le tatami. Une entrée discrète, passée presque inaperçue, c'est tout juste s'il ose signaler sa présence. Présent depuis quelques minutes à peine et il donne déjà une leçon d'humilité à tous ces experts qui ne montent sur le tatami que dans le silence le plus complet, les projecteurs braqués sur eux.

Après un rapide salut et le discours de bienvenue de rigueur, le stage débute sur un échauffement déjà terminé le temps de l'écrire. Mais qu'importe ça va vite chauffer, parce qu'au petit déjeuner le samedi, c'est sutemi !

Ah frustration ! Je suis dans les gradins à regarder mes camarades se rouler par terre tandis que moi je me contente de shooter avec mon appareil photo. Consolation, je me gausse en écoutant les commentaires acerbes de mon professeur de Yoseikan Budo quant au niveau affiché par les gradés présents sur le tapis. Et en même temps, on ne peut pas trop lui donner tort (allo ! non mais allo quoi, t'es shodan de NTJ et tu sais pas chuter ! surprised). Bon, ne noircissons pas le tableau, il y en a quand même quelques uns qui travaillent bien et semblent suivre les conseils du Maître. Mais pour beaucoup d'entres eux, les sutemi - et visiblement les projections de façon plus générale - semblent être une découverte. J'en reste coi.

Il faut dire aussi que le Maître enseigne un peu à la japonaise, il montre avec son corps mais n'explique pas forcément les points clés de façon explicite. Il faut donc savoir "voler la technique".

Il ne faut pas copier bêtement la technique, il faut se poser des questions, essayer de comprendre pourquoi ça ne marche pas.

Terumi Washizu

Etranglement par Maître WashizuIl insiste tout de même à plusieurs reprises sur la nécessité d'être relâché, de passer les techniques sans force. Il donne quelques indications sur le sens de déséquilibre et surtout sur le fait de "cacher" son intention à son adversaire. Celui-ci ne doit pas savoir que l'on prépare un sutemi jusqu'à ce qu'il soit irrémédiablement pris dans la spirale. Plus facile à dire qu'à faire ! Mais pour lui, c'est une formalité ! Voyez (façon de parler, hein, fallait y être pour voir) comme il fait rouler sans effort mon professeur de Nihon Tai Jitsu qui mesure bien 35cm de plus que lui pour le double de son poids !

Les sutemi de Maître Washizu surprennent toujours un peu...Car le Maître passe de groupe en groupe, avec le sourire et l'enthousiasme qui ne l'ont pas quitté une seule seconde depuis son arrivée, pour corriger les stagiaires et leur faire sentir la technique directement de sa main. Et quel touché ! Mais ça, je ne m'en rendrai compte que lendemain ! En attendant, je ne peux que croire sur parole les stagiaires qui ont eu la chance de "subir" sa technique. Et je mets bien des guillemets à "subir" car visiblement, sa technique, on ne la sent pas !

La matinée touche à sa fin, et c'est avec impatience que j'attends la séance de l'après-midi pour m'amuser moi aussi sur le tapis.

Samedi après-midi, discours infini (mais pas que...)

Je foule enfin le tatami ! Et je suis loin d'être seul : aux 150 gradés présents le matin se joignent environ autant de nouveaux stagiaires. Heureusement, le Dojo de l'INSEP est plus que spacieux !

Le cours de l'après midi débute par un discours... qui n'en fini pas. Après le repas, c'est rude !

Terumi WashizuHeureusement, celui-ci est loin d'être inintéressant même si un peu confus. On sent l'envie du Maître de nous livrer ses 40 années d'expérience et de partager avec nous l'enseignement qu'il a reçu du grand Minoru Mochizuki, mais pour un pauvre occidental venu pratiquer, c'est un peu long... On aura tout de même droit, pour ceux qui savent voir, à une belle démonstration du Hyoli No Kata, alors qu'il expliquait l'importance de savoir s'adapter, de ne pas rester prisonnier de la technique.

Le discours est ponctué de quelques exercices de base en suwari waza  sur les principes de déséquilibre et de redirection de force. Le genre d'exercice qu'on ne pratique pas ou peu alors que l'on devrait le faire systématiquement à chaque séance ! Ce n'est que mon avis, mais on oublie trop souvent la base. On considère souvent la base comme le truc qu'on voit au début de sa pratique et qu'on oublie vite fait parce que "c'est pour les débutants" alors qu'il s'agit au contraire du socle fondamental de notre pratique, de la seul chose qui doit y subsister une fois qu'on en a épurée le superflu. Si Washizu Sensei a débuté le stage de masse par ces exercices, ce n'est à mon avis pas tout-à-fait innocent.

Maître Washizu nous invite également à ne pas nous focaliser sur la technique, à ne pas chercher à l'imiter. A chacun d'expérimenter, de trouver sa propre voie. Le Maître est un guide, pas un exemple à copier.

Quand des étudiants viennent s'entrainer dans mon Dojo, je peux souvent dire qui est leur professeur juste en les regardant bouger. Il ne faut pas chercher à imiter son professeur mais trouver sa propre voie !

Terumi Washizu

Une belle brochette d'expertsOn enchaîne ensuite sur des techniques de clés sur saisie de poignet ou de veste, saisies arrières avec ou sans étranglement. Travail technique... en apparence ! Car en réalité, la technique n'est qu'un prétexte pour travailler bien plus en profondeur. Terumi Washizu insiste encore (mais visiblement n'insistera jamais assez) sur la nécessité d'être relâché et de ne pas travailler en force. Il donne aussi comme axe de travail de ne pas bouger le point contrôlé par le partenaire, de toujours pivoter le corps autour de ce point de façon à ne pas donner d'indication sur nos intentions. Ne pas mettre de force sur le point de contrôle du partenaire, c'est tout simplement l'en priver. Ou autrement dit, il faut exécuter le technique sans déranger le partenaire.

Nico, Julien et Sylvain posent avec Washizu Sensei et son assistantPuis la séance s'achève, trop vite. Je me place pour le salut avec une sensation de trop peu qui sera vite comblée par la séance du lendemain !

Avant de quitter la salle, je me joins à mes deux sensei préférés (bon, en même temps, je n'en ai pas d'autre tongue-out) pour une séance photo avec Maître Washizu et une autre avec Roland Hernaez.

Vivement demain !

Journée dominicale, rencontre martiale

De retour dans le Dojo de l'INSEP, je rencontre Xavier Duval, blogger martial avec qui j'avais déjà conversé par forum interposé. Ca sert aussi à ça un stage : faire de nouvelles rencontres ou concrétiser des rencontres jusqu'alors purement virtuelles. Quelque peu échaudé par mes partenaires psycho-rigide-bras-d'acier de la veille, c'est avec soulagement que j'aborde ce début de séance : j'ai enfin trouvé quelqu'un qui comprend les mots "souple" et "relâché" ! Je ne l'ai pas lâché de la journée, pauvre de lui ! smile

Je ne me souviens plus précisément ce qui a été abordé le matin ou l'après-midi et le fait d'avoir travaillé presque toute la journée avec la même personne n'aide pas à l'effort de mémoire. Je vous livre donc en vrac mes impressions sur cette seconde journée de stage.

Sous le regard bienveillant de Minoru MochizukiToujours en gardant pour principe de ne pas déranger le partenaire et de garder le point fixe... fixe, Washizu Sensei nous demande de travailler quelques techniques de clés, notamment un Kote Gaeshi exécuté avec le revers de la veste. S'ensuit un travail sur Morote Dori (saisie du poignet à deux mains) sur lequel le Maître "décolle" sur la pointe des pieds,  sans aucun effort, des partenaires pesant le double de son poids. Un travail de redirection de force, de recherche de l'axe faible qui demande un relâchement total. Pas facile !

- Ca y est, j'ai la traduction de la dédicace qu'il m'a laissé sur mon DVD Gyokushin Ryu Aikido - Terumi Washizu
- Alors, il t'a écrit quoi ?
- Euuuuh, "Gyokushin Ryu Aikido - Terumi Washizu"
- smile

Nicolas Ligny

Balayant depuis le début du stage les grandes lignes de son DVD Gyokushin Ryu Aikido, Maître Washizu nous fait travailler ensuite des techniques d'Hikitate, ou autrement dit des techniques de contrainte. Alors que je travaille l'une d'entre elles, le Maître s'approche de moi en rigolant, sa façon à lui de me dire que ma technique n'est pas bonne. Il me tend le bras pour que je le saisisse et là, une subite sensation de rien. Rien ! Rien de rien je vous dis ! Et je mesure enfin les paroles de mon Sensei de Nihon Tai Jitsu de la veille : "il m'a fait le sutemi, je n'ai rien senti". Car c'est bien de cela qu'il s'agit, une absence totale d'opposition, de l'Aikido avec un grand A. J'ai souvent entendu dire qu'en Aikido, il fallait saisir le partenaire (ou le sabre) comme on tient un oeuf : suffisamment ferme pour que celui-ci n'échappe pas des doigts mais suffisamment souple pour ne pas en briser la coquille. C'est exactement l'impression que Maître Washizu m'a donnée : j'étais un oeuf entre ses mains. Et je n'avais qu'une idée en tête "pourvu qu'il ne fasse pas une omelette". Mais pas de ça avec le Maître, sa technique reste d'une douceur imparable du début à la fin. Moins fort, j'aurais pu me dégager. Plus fort, j'aurais pu me dégager. Mais là, rien ! Rien de rien ! (je l'ai déjà dit ?).

Ce contact fugace avec Maître Washizu m'aura pourtant suffit à comprendre mon erreur et à jauger à quel point il est difficile de faire passer dans le corps ce qu'on a compris avec la tête ! Parce que, bon sang, j'avais pourtant bien compris que les mains ne devaient pas bouger ! Depuis la veille ! Alors pourquoi je ne le faisais pas ? embarassed

Mais déjà il s'éloigne,  allant corriger d'autres débutants. Parce que c'est cela que nous sommes tous ce week-end : des débutants. Des débutants avec parfois 10, 15, 20, 40 ans de pratique ! Des débutants avec parfois suffisamment de Dans pour porter la ceinture rouge et blanche... Mais des débutants quand même face au gouffre qui nous sépare du niveau de Terumi Washizu !

Roland et Georges HernaezMaître Washizu aborde alors le thème du Futari Gake (saisies à 2 contre 1) qui m'avait laissé perplexe sur son DVD. Mais ça c'était avant, comme dirait la publicité. Je pense qu'il faut plutôt aborder ces techniques comme un travail en profondeur des principes du Gyokushin Ryu que comme de véritables techniques de défense. Ma première tentative échoue en un sac de noeuds contenant les quatre bras adverses et les deux miens. Mes tentatives suivantes aboutissent et pendant un bref instant je pense avoir compris. Puis avec mes partenaires, nous commençons à travailler intelligemment. Nous décidons de "bloquer" la technique dès que nous sentons que ça passe en force, de lâcher les saisies dès que la contrainte devient trop forte... Bref, nous décidons de pratiquer "Aiki". Et là, c'est le drame... Que c'est difficile de travailler en souplesse, sans déranger les partenaires quand ils sont deux à vous saisir ! On réussi à en gérer un et c'est l'autre qui s'échappe ! On est souple d'un côté tout en bourrinant de l'autre ! Le Futari Gake est un travail bien plus profond et enrichissant que je ne l'aurais pensé de prime abord !

J'espère que vous vous êtes bien amusés !

Terumi Washizu

Pour terminer le stage, Maître Washizu propose un travail que je n'avais jamais vu ailleurs (sauf sur son DVD bien sûr !) : techniques d'étranglement  à l'aide d'un foulard. Il nous montre la façon correct d'étrangler, puis plusieurs dégagements en fonction de l'étranglement. Sur certains d'entre eux, le cou n'est libéré qu'à la fin du mouvement ! Le Maître nous demande de ne pas nous affoler et nous assure que nous avons au moins vingt secondes de réserve avant de mourir étranglés. Nous voici rassurés !

A la fin de l'exercie, Maître Washizu nous annonce que les foulards que nous utilisions ont tous été calligraphiés de sa main et nous les offre ! Sympathique attention de sa part !

Sensei Ni Rei !Le stage touche à sa fin et nous profitons, mes deux sensei et moi, de la remise de cadeaux pour nous éclipser discrètement afin d'éviter la cohue dans les vestiaires et à la sortie de l'INSEP.

De ce stage, je me souviendrai surtout de Maître Wahizu, de sa bonne humeur, son humilité et son touché exceptionnel. Car, et j'en suis de plus en plus convaincu, ce qui fait la qualité d'un pratiquant n'est pas sa technique mais sa façon de bouger, son touché et de ce point vue, Maître Washizu est assez époustouflant.

Il a également réussi, deux jours durant, à nous laisser entrevoir ce qu'était la pratique au Dojo Yoseikan et, pour certains d'entre nous j'espère, à nous guider un peu plus sur le Chemin.

Plus de photo sur mon compte ipernity

Retrouvez quelques images supplémentaires sur le blog En Terre Martiale ou sur le site du photographe Nicolas Durupt.